Xynthia
Pour (re)venir à mon tour sur les effets
dévastateur de cette tempête au nom un peu barbare, je voudrais souligner qu'il
y a deux types de perte, au niveau individuel, dans cet catastrophe : les
pertes matérielles et les pertes humaines.
Les premières sont dramatiques. Elles
conditionnent l'avenir immédiat et à plus long terme de ceux qui les ont subis :
perte de biens précieux ou utilitaires, perte de l'outil de travail ou de
l'emploi, anéantissement de plusieurs années de labeur et d'économie,
disparition de souvenirs irremplaçables….Dans la conjoncture immobilière qui
existait, ce type de destruction ne pouvait pas être évité. Mais ne cherchons
pas de responsables : il n'y en aura pas. Ni les promoteurs qui ont
construit sur des terrains inondables, ni les élus qui ont accordé le droit de
construire à cet endroit, ni les agents immobiliers qui ont vendu des biens
menacés en estompant la danger, ni même les acheteurs qui ont fermé (trop vite)
les yeux sur le risque potentiel pour pouvoir être près de la mer. ON savait
que la zone était inondable; cela s'était déjà produit dans les années
cinquante, mais ON a reconstruit une digue un peu plus haute en se disant que
"Là ! On est à l'abri.". Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
On reconstruit une autre digue encore plus haute et encore plus large ?
Sauf que si on ne voit plus la mer, personne n'achètera. Mais je ne m'inquiète
pas (en fait, si), dans cinquante ou soixante nouvelles années (et pourquoi pas
avant), ON aura oublié, ON reconstruira, ON vendra et ON achètera au même endroit
en ignorant à nouveau le danger latent.
Mais le plus choquant, ce sont les pertes de
vies humaines. Elles sont insoutenables. Je n'ose même pas imaginer la douleur
de ces parents qui ont appris la mort par noyade de leurs deux enfants en
vacances chez leur grand-mère, elle-même noyée. Ou le désespoir de cet homme
qui a perdu sa femme et ses deux enfants. Comment survivre ? Mais si les
biens ne pouvaient être tous sauvés, peut-être aurait-on pu sauver les vies. Il
n'a pas été une seule fois envisagé, même en murmure, de faire évacuer la zone.
Certes il y avait une alerte météorologique rouge, mais qui s'y intéresse
vraiment à part les météorologues, les journalistes et les secouristes. Pensez-vous
que les élus, qui viennent se lamenter sur les ruines ont fait quelque chose
pour éviter ça ? Dans les zones où la fréquence et la force des ouragans
sont monnaie courante, les autorités font évacuer les populations vers de zones
plus abritées et moins soumises au danger. Cela représente des milliers de
personnes souvent. Mais on le fait par voie d'annonce dans les rues, à la télé,
à la radio. En France, on "conseille" de ne pas sortir, de "limiter"
les déplacements; pas d'évacuer et de quitter la zone à risque. Mai si on n'est
pas accroché à sa télé ou son poste, comment l'apprend-on ? Les gens
auraient ils obéi ? On ne le saura jamais. Ce qu'on sait, c'est que ça n'a
pas été fait. Il ne sert à rien d'avoir des outils prévisionnels de grande
qualité si on laisse la population à l'abandon.
Maintenant, il faut panser les plaies. Enfin,
celles que l'on peut soigner. La solidarité est enclenchée. Elle permettra à
certains de se dire qu'il y a toujours une lueur d'espoir quelque part. Mais
combien "n'y croiront plus" ?